par Dominique Delhalle, vice-président APFJS
Tissé de rencontres, ce métier nous enrichit humainement et c’est bien l’un de ses attraits. Passons sur les indélicats ou les malpolis. Il en reste qui nous ont fait partager un sens, une profondeur de vie et de vue. Devant Pino Cerami, décédé le samedi 20 septembre à 92 ans, aucun jeune journaliste ne s’est senti mal à l’aise. Dès la poignée de main, Pino livrait sa bonne humeur, son dynamisme, au-delà de ce qui nous éclairait immédiatement: son élégance. En 2007, l’aile francophone de votre association l’a honoré, en même temps que son inséparable Ferdinand Bracke, au titre de « Plus du sport ». A la Citadelle de Namur, Pino, 85 ans alors, rayonnait dans un costume de gentleman italien, sicilien, wallon, belge. « Tu me dis que j’ai gardé une silhouete de jeune homme ? N’exagère pas ! Mais il est vrai que depuis ma retraite de coureur, à 42 ans, je mange deux fois moins ! » Par coquetterie? Plutôt pour se maintenir en bonne santé ! Particulièrement attachant, Pino Cerami a toujours aiguisé son regard sur le cyclisme et sur le labeur des hommes et des femmes. Dans les années cinquante, il ne fut pas seulement cet équipier de luxe, sur la route, en été. Pour subvenir aux besoins de ses plus jeunes frères et sœur, de sa maman veuve, il ajoutait en hiver un travail dans la métallurgie. Ce souci du bien-être d’autrui, il l’a cultivé plus tard par sa disponibilité vis-à-vis de ses enfants, de ses petits-enfants, neveux, nièces. « Pino »? « Il n’est pas là, pour l’instant. Il est allé conduire le petit à l’entraînement. » Au téléphone, son épouse Claire semblait alors tout à la fois regretter et approuver son absence.

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